Coeur sauvage en Alaska

Très bien, je vais lister ce que je déteste : le froid, les coins paumés et les types qui ont grandi dans des villes de la taille d’un mouchoir de poche, parce que généralement leur mentalité n’est pas plus grande que leur patelin. Alors on peut comprendre mon état d’esprit lorsque je suis envoyé pour un an dans une ville perdue au fin fond de l’Alaska, obligé de jouer les médecins de campagne pour des gens qui n’ont jamais connu plus de dix-huit degrés de leur vie.

Je vais sans nul doute mourir congelé par le froid polaire, ou par l’ennui écrasant qui règne à Noatak, sans compter que le fichu pilote qui m’a conduit ici, et je ne le remercie pas, ne cesse de croiser mon chemin. Pas étonnant quand la ville ne compte pas plus de 500 habitants, mais tout de même ! Ce qu’il peut m’agacer avec ses amabilités, son sourire contagieux et sa foutue bienveillance...

Nanuq

Lorsque le nouveau médecin que l’on nous envoie débarque d’une grande ville, je ne m’attendais pas à ce qu’il s’acclimate immédiatement, mais pas non plus à ce qu’il se montre aussi récalcitrant. L’observer tenter de vivre ici avec des bottines et une simple veste, c’est comme observer un ours sans griffes, essayer de pêcher du saumon. Pourtant, il a beau clamer haut et fort qu’il compte les jours avant son retour à la « civilisation », je dois bien avouer, qu’il ne me laisse pas tout à fait indifférent... je dirais même qu’un homme comme lui, je n’en ai jamais vu. Seulement avec notre différence d’âge, son tempérament enflammé et moi qui suis un Iñupiat plus tranquille, je ne suis pas certain que le feu prendra...

Mais qui sait, l’Alaska nous réserve bien des surprises ?